• Réaction en chaine

     

    Le soleil était particulièrement dur aujourd'hui, même pour un sang-froid comme Snack. Le petit Sloak marchait dans les rues désertes d'un village au coeur du désert de Sillage, pas âmes qui vivent à part quelques poules traversant la route infernale que le soleil avait prit pour cible. Les maisons carrées de pierre claire aux toits de paille et de terre étaient les seules constructions à des lieux à la ronde, à part en ce qui concerne les murailles entourant le petit village. Tout le monde était parti, où ? Et bien, dans le sanctuaire du désert, prier les Dieux en ce jour saint, aussi saint pour eux que pour Snack, profitant de cet absentéisme pour mettre en oeuvre son plan.

    Traversant la route sous le soleil jusqu'au centre du village, là où une grande bâtisse circulaire dominait Snack de son ombre, faite de pierre claire dont le toit finissait lui en cône, les poutres de la charpente visible en partie soutenaient cet étrange toit. Il s'agissait d'un temple du dieu du soleil où un truc du genre, enfin, peu lui importait, son but était simple, entrer et dérober une icône sacrée valant son pesant d'or. Souriant de toutes ses dents, le Sloak entra dans le temple, dans la fraîcheur tant espérée de l'ombre. Pas un bruit, Snack regarda l'intérieur pauvre de la pièce, quelques colonnes soutenaient le plafond avec l'aide des poutres, des bougies étaient posées ici et là dans des alcôves creusées et droit devant lui, se tenait une statue d'un homme à la tête de faucon, assis en lotus, sur ses jambes se trouvaient un plateau où reposait l'icône.

    Couinant à moitié d'excitation, le Sloak sautilla vers l'icône. Il arriva enfin à sa hauteur, du moins, à la hauteur d'un des genoux de la statue vue la taille réduite du lézard. Il put néanmoins voir à quoi ressemblait l'objet de ses désirs. Se tenant sur une base de pierre blanche taillée formant plusieurs demi-cercles soutenus par un trapèze de cette même pierre, un disque d'or avec un symbole représentant le soleil et ses rayons.

    Se frottant les mains, le Sloak commença à grimper sur la statue quand un toussotement se fit entendre, Snack tourna la tête pour voir d'où ça provenait et tomba sur un vieux prêtre en robe grise, le crâne chauve, à la longue barbe blanche et borgne, les rides qui vont avec. L'homme regardait le Sloak d'un oeil mauvais et Snack ne put que sourire en désignant l'icône.

    -Je sais ce que vous vous dites, mais ce n'est pas du tout ce que vous croyez ! Y'avait une petite tâche sur le genou, je ne faisais que l'enlever, couina-t-il.

    Le prêtre continua de le regarder, sans lâcher le morceau, Snack toussota et se mit à genoux devant l'autel, joint ses mains et regarda à son tour le prêtre.

    -Je suis là pour prier ! Vous en faites pas, je ne... suis pas un voleur hein... juste un bon disciple.

    -Hum...

    Snack fit semblant de prier, mais le prêtre restait là, à le regarder de son oeil unique, ce qui commença sérieusement à agacer le reptile. Le Sloak tourna la tête vers l'humain et soupira, d'un air las et agacé.

    -Je peux prier en paix ?

    Le prêtre grogna et se tourna, croisant les bras. Snack soupira de nouveau en roulant des yeux.

    -Vous m'gênez... Je n'arrive pas à être concentré quand y'a quelqu'un dans la même pièce que moi.

    Le prêtre râla et s'en alla, quittant la salle pour entrer dans une autre pièce, derrière l'autel. Snack eu un sourire mauvais, il se leva et dépoussiéra son petit pantalon noir déjà bien sale.

    -Non, mais ho ! C'est la charité qui se fou de l'hôpital ici ou quoi... Snack fit une courte pause, réfléchit. Ou alors c'est le contraire, conclut-il.

    Snack grimpa sur les genoux de la statue de bronze, légèrement chaud sous ses pattes, le Sloak évita les zones où la lumière caressait la statue, zone des plus brûlantes à ne pas y croire. Face à l'icône, Snack avança ses mains vers l'objet puis s'arrêta soudainement en voyant une inscription sur le plateau.

    « À celui qui lira ceci...

    Moi, Horus à fait cadeau à ce peuple de mon icône sacrée.

    Cela dit, l'icône se doit de rester sur son plateau, car gare au malheur que celui engendrera en prenant l'icône à pleine main, le cadeau sacré d'un dieu ne doit pas être touché par la main d'un mortel sous peine d'y perdre tout son caractère divin »

    Snack haussa un sourcil reptilien, puis éclata de rire, comme s'il allait prendre le plateau avec pendant qu'on y est, il n'avait que faire des recommandations d'un pseudo dieu. Il prit l'icône à pleine main, sauta de la statue et la souleva dans les airs en poussant un cri de triomphe. Il se stoppa en regardant autour de lui si finalement il n'avait pas déclenché quelques catastrophes qui soient.

    Rien...

    Rien de rien...

    Alors, Snack se laissa rire, il rigola en serrant l'objet de fortune contre lui, le voilà riche maintenant ! Alors qu'il jubilait, derrière lui, le plateau glissait à l'intérieur de la statue, puis se coinça, émettant un son qui résonna à l'intérieur du temple comme si on avait écrasé des oeufs, un tas d'oeufs, un GROS tas d'oeufs. Snack cessa de rire et se tourna doucement vers la statue, rien n'avait visiblement changé, mais il y avait comme un cliquetis dans l'air, un mécanisme se mettant en route. Snack siffla et commença à s'éloigner doucement, tout doucement, pas a pas, tout en gardant la statue et la sortie dans son regard.

    Soudain, une des colonnes pencha vers une autre, rejetant toute la poussière qu'elle avait accumulée durant des siècles. Snack jura, jeta l'icône au sol et se précipita vers la colonne, il se posta dos à elle et tenta de la pousser dans l'autre sens, peine perdue vu sa force et sa taille, mais au moins, il pourrait dire aux dieux qu'il avait tous de même essayer d'empêcher l'inévitable de se produire après sa mort.

    Voyant que la colonne allait lui tomber dessus, Snack se jeta sur le côté, roula vers l'icône qu'il saisit au passage et s'apprêta à se relever quand la première colonne cogna la seconde, qui partit vers la troisième pour cogner la quatrième et ainsi de suite. Snack courut vers la sortit, mais comme par hasard, le dernier pilier s'écroula devant lui, lui bloquant le passage. Il poussa un cri de terreur et s'enfuit vers la statue, tout le temple se mit à trembler sur ses fondations. Sautant de nouveau sur la statue, Snack reposa l'icône, mais rien ne se passa, il reprit l'icône, recommença, mais toujours rien. Derrière lui, le toit s'effondra et Snack hurla de terreur, balançant l'icône dans les airs, préférant chercher une sortie au plus vite. Les murs vibrèrent et s'écroulèrent les uns après les autres, laissant le temple en ruine à la merci du soleil, seul la statue et un bout de mur était resté debout.

    Alors que le Sloak allait se jeter dans la rue en criant comme un fou, le sol craqua tout autour de ce qui restait du temple, d'énormes fissures zébrèrent le sol sec du village, soulevant la terre ou l'enfonçant dans ses entrailles, des jets de vapeur explosèrent dans certain coin de la ville. Devant un Snack bouche bée, des maisons s'écroulèrent, des crevasses se formèrent en plein coeur des rues, les poules s'envolant dans les airs en caquetant de terreur.

    Le sol craqua et dans un immense grondement, tout s'écroula autour des ruines du temple, tout le village s'enfonça dans les entrailles de la terre provoquant un immense tremblement qui fut ressenti dans toute la région.

    Un gigantesque nuage de poussière s'éleva au centre d'un cratère de la taille du village, il n'y avait plus qu'au centre les restes du temple. Snack, quelques poules, la statue du dieu et l'icône reposaient là, incrédule par ce qui venait de se passer. Sortant de ce qui restait de la salle derrière l'autel, le prêtre arriva en titubant, bouche bée, et l'oeil rond. Il scruta la destruction autour de lui pour finir par laisser son regard tomber sur Snack qui serait contre lui une poule pendant qu'une autre siégeait sur son crâne. Le Sloak tourna la tête doucement vers le prêtre et déglutit, levant un doigt innocent vers le ciel.

    -Je sais ce que vous vous dites, mais ce n'est pas ce que vous croyez... conclut-il.

    ©Bahakell


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  • Désillusion

     

    Au travers du feuillage, par cette brise matinale, un fin rayon de soleil illuminait la petite mare d'eau cristalline.

    Ce lieu paisible était dominé par de grands arbres centenaires aux feuilles aussi vertes que l'herbe des prairies, cachant de leurs branches la lumière du soleil pour offrir une pénombre rassurante.

    Dans cette mare d'eau atteignant à peu près les cuisses d'un homme se baignaient trois créatures d'une beauté angélique. Ils s'agissaient de trois nymphes aux cheveux blonds, voir or, aux yeux gris étincelants et au corps plus que charmant, elles s'amusaient à se jeter de l'eau, à se battre à travers quelques vagues, leurs rires emplissant le silence de la forêt.

    Tout le monde connaissait cette forêt dans la région, une des plus belles et harmonieuses, situées dans une vallée entre les montagnes. Quelques villages s'étaient construits tout autour de la forêt, profitant de ce lieu harmonieux, mais en faisant attention de ne pas y pénétrer, car souvent ceux qui y entraient n'en ressortaient pas, hypnotisés par la beauté peu commune de ce lieu.

    Les nymphes étaient les gardiennes de ce petit paradis et souvent, on disait qu'elles accueillaient quelques humains auprès d'eux. Certains même s'amusaient à dire que les nymphes avaient besoin d'amants humains. C'était peut-être vrai dans un sens, mais jamais personne n'aurait pu se vanter d'avoir fait sienne une nymphe, cela était tout bonnement impossible, car tombé amoureux d'une de ces créatures revenait simplement à devenir la marionnette de ses désirs et de perdre son âme.

    Alors qu'elles jouaient, insouciantes, des cliquetis de métal se firent entendre, proches de la frondaison de la forêt. Elles se stoppèrent et leurs regards se dirigèrent vers une petite sortie de sentier qui descendait vers la marre. De là, elles purent apercevoir l'ombre d'un colosse dans un grand harnois rouge sang, ses bras entourés de chaînes d'argent étrange et se finissant par un petit crochet ressemblant plus à une serre d'aigle qu'autre chose, un fourreau d'épée en cuir noir à sa taille, laissant un pommeau des plus simple y dépasser. Il portait aussi un casque rouge et argent sur la tête, ses deux yeux verts émeraude regardant les nymphes sans pour autant sourcilier devant leurs beautés.

    Les nymphes se regardèrent mutuellement, le regard légèrement inquiet, puis comme si elles se parlaient entre elles d'une manière dont nous n'avons pas la science, elles se mirent à glousser et à sortir leurs corps aux formes divines de l'eau, se rapprochant à petite enjambée du colosse qu'elles vinrent entourer tout en riant gaîment.

    Elles passèrent leurs doigts fins partout, caressant l'armure de l'intrus chanceux, leurs yeux dévoilant tous les sous-entendus cachés, pressant leurs généreuses poitrines contre l'armure. L'une d'elles vint se réfugier dans les bras de l'homme, collant tout son corps féerique contre celui-ci, les lèvres entrouvertes, qu'elle tendait à son futur compagnon.

    L'homme eu un léger rire, puis d'un geste brusque, dégaina sa lame !

    Aussitôt, les nymphes se jetèrent en arrière en poussant un cri strident qui ne leur ressemblait pas. La lame qu'il pointait en l'air était autre que la lame-maudite Raziel, l'épée du Kharas, une lame damnée forgée par le Maitre de la forge, Melchia en personne. Auréolée d'une aura rouge sang et possédant un pouvoir au-delà de ce que nous pouvons imaginer, elle siffla son désir mesquin. Celui qui la portait quant à lui était autre qu'Akell, le « Diable Ecarlate », le plus puissant guerrier d'Héra et pour cause ! Il avait réussi à dominer l'épée qui avait rendu fou bon nombre de porteurs auparavant.

    Le Diable Ecarlate fusilla du regard les nymphes. Il se permit un sourire mesquin sous son casque.

    -Non, mais sérieusement ? Vous croyez que j'allais tomber dans le panneau de la petite forêt féerique où tout est beau et magique ? Où les oiseaux chantent et où les petits animaux font la fête chaque jour ? Vous savez cacher votre réalité, mais pas son odeur !

    L'un des pouvoirs de l'épée Raziel était la « Vision véritable », toute personne qui avait sa poignée entre les mains pouvait distinguer tous les éléments de tromperie, ainsi les illusions se dissipaient totalement aux yeux de son porteur.

    La petite forêt merveilleuse que tout le monde connaissait n'était autre qu'un marécage immonde. La mare était en fait une immonde flaque d'eau croupie où se tenait à son bord quelques restes humains, corps en décomposition et squelettes dont certains à moitiés dévorées. Quant aux nymphes... Il s'agissait en fait de harpie, créatures sordides douées dans le domaine de l'illusion et de la tromperie.

    Sous la vision de trois nymphes sortant tout droit des rêves les plus érotiques que nous ne pouvons avoir, elles ressemblaient à trois vieilles femmes, la peau grise tirée et ridée, des cheveux blancs et crasseux, des yeux d'un blanc laiteux et des dents jaunies et complètement anarchiques dans la gueule de ces créatures. Leurs mains et leurs pieds se finissaient par de longues griffes noires, dans leurs dos se tenait une paire d'ailes de chauves-souris, le reste de leurs charmes n'étaient qu'une paire de seins horribles tombants sur leurs ventres rebondit.

    Ces salopes sont enceintes ! Pensa Akell, son regard devenant de plus en plus noir. Elles se sont servies de tous ses pauvres fous pour... oh c'est répugnant...

    Les harpies se mirent de nouveau à crier envers Akell, celui-ci baissant son bras, laissant Raziel toucher le sol boueux qui émit une légère fumée au contact de la lame avant de commencer à bouillir doucement. Il passa une main sur son casque tout en tapotant dessus pour voir s'il était bien mis, prenant une bouffée d'air nauséabonde avant de crier à son tour sur les harpies qui se reculèrent en poussant un léger son plaintif.

    -FERMEZ VOS GUEULES !

    Au moins, ça, ce fut dit... Mais il fallut que la plus courageuse des trois s'avance et pousse de nouveau son cri strident. Akell démarra au quart de tour, envoyant son poing, un uppercut bien senti, dans le visage de l'horreur ailée qui s'envola au-dessus du sol et retomba violemment en couinant de douleur, avec quelques dents en moins.

    Il n'en fallut pas moins pour que les deux autres furies ailées se jettent sur Akell, le percutant et le jetant au sol. Le colosse tomba dans la boue et lâcha Raziel sous le choc, il sentit déjà la boue gluante s'insinuer entre ses plaques d'armures pendant que les griffes des harpies perçaient de long sillage dans le métal tout en hurlant et en battant des ailes contre lui.

    Le Diable Ecarlate envoya ses poings frappés devant lui, touchant quelque peu les créatures qui s'envolèrent, esquivant les poings, avant de lui retomber dessus. Le colosse se débattit de nouveau, proférant quelques jurons, offrant coup de poing et de pied aux deux harpies pendant que la troisième se traînait dans la boue, cherchant à reprendre ses esprits. L'une des harpies arriva à enfoncer une de ses griffes dans l'armure et vint percer la peau d'Akell, celui-ci hurla de douleur, cette même douleur décuplant sa rage.

    Il saisit de la boue d'une main et l'envoya en pleine figure à la harpie qui n'avait pas sa griffe dans son corps, la harpie couina tout en reculant avant de glisser et de tomber dans la boue à son tour. Profitant qu'il n'y a plus qu'une de ses adversaires en jeu (et qui avait une griffe dans son torse...), Akell saisit l'horreur par les cheveux et vint lui coller un violent coup de casque dans le nez, lui broyant l'os avant que la bête ne parte en arrière et arrache sa griffe du torse du Diable Ecarlate.

    Akell se tourna dans la boue, il grogna de douleur tout en se relevant, dos aux Harpies, de la colère au ventre, mais le corps soupirant d'aise de ne plus avoir un corps étranger en lui. Il frappa des poings au sol et se retourna pour faire face à ses adversaires. Il n'eut pas le temps de voir la situation que celle à qui il avait refait la mâchoire lui sauta dessus, battant des ailes et griffant son casque. Le colosse dégagea les bras de la harpie et envoya son pied dans son ventre, pile à l'endroit de la grosseur. La harpie fut repoussée contre un arbre mort, criant de douleur, du sang coulant de son vagin, Akell avait visé juste.

    Elle ne prit pas le temps de se rependre qu'elle sauta en l'air et commença à s'enfuir tout en volant. Akell fit tourner ses chaînes et les lança dans les airs, celle-ci cliquetèrent, puis un reflet les anima et les crochets vinrent se plonger dans les ailes de chauves-souris comme des crocs avides de chair, glissant légèrement à travers la peau tout en la déchirant. La harpie hurla, mais Akell la fit taire une bonne fois pour toutes en tirant sur ses chaînes et en envoyant la créature mordre la poussière.

    La harpie commença à se relever quand la botte de métal d'Akell appuya sur son dos et la plaqua au sol, il saisit les deux ailes et tira de toutes ses forces en arrière. Un craquement se fit entendre, puis une déchirure. Akell arracha les deux ailes de la créature dans un geyser de sang, il n'entendit pas le cri de douleur tellement qu'il était dans un état de jubilation morbide. Il finit la harpie en saisissant ses cheveux et en tirant d'un coup sec en arrière, lui brisant la nuque.

    Plus que deux ! Lorsque Akell se tourna vers les deux autres harpies, celle-ci regardaient leur consoeur mourir... La rage qu'il y avait dans leurs yeux se transforma en peur ! Les deux harpies firent volte-face et prirent la poudre d'escampette, brusquement Akell s'assombrit et il se jeta en avant.

    -Oh non ! Vous n'irez nulle part bande de charogne !

    L'une des chaînes d'Akell s'envola et perfora le cou d'une des Harpies, la jetant au sol, tout en se débattant de la prise de la chaine démoniaque pendant qu'Akell se baissa, saisit Raziel et l'envoya sur l'autre Harpie, qui se fit transpercer en vol, par la lame maudite dans un geyser de sang, avant que la lame ne finisse par arrêter sa course contre un arbre mort... La harpie aussi.

    Satisfait, Akell passa à la dernière harpie, il laissa un peu de moues à sa chaîne pour que la bête puisse se relever, tout en couinant plaintivement, ses yeux rejoignirent ceux d'Akell, qui se fendit d'un petit sourire sadique sous son casque.

    Il tira la chaine d'un coup sec et arracha la gorge de la harpie.

    Alors que la dernière Harpie tombait dans une mare de son propre sang, la gorge explosée. Akell rassembla ses chaînes rougies, glissantes autour de son poignet dans un soupir métallique de satisfaction et y enleva du crochet le morceau de chair putride qu'il jeta sur le côté tout en gardant une grimace de dégout. Il fit demi-tour et s'en alla vers la Harpie embrochée, d'où il retira Raziel, le corps de la bête tomba en arrière et s'écroula dans la boue, les yeux grands ouverts et le visage figé dans une expression de surprise, de douleur et de... d'échec.

    Alors qu'Akell se calmait de sa confrontation, il eut une surprise sur le fil de sa lame... En effet, il n'avait pas qu'embroché la harpie, mais l'horrible foetus d'un croisement entre humain et harpie. La chose inhumaine vivait encore tout en agitant doucement ses petits bras sanguinolents, le ventre ouvert par la lame. Sous le regard surpris du Diable Ecarlate, la petite chose ouvra son immonde bouche comme si elle allait dire quelque chose puis poussa un léger cri strident. Akell le fit taire en envoya le plat de sa lame contre un rocher, faisant exploser l'immonde bébé dans une gerbe de sang et de chair.

    -Les femmes ne peuvent pas fermer leurs gueules... Toujours quelques choses à dire, grogna-t-il tout en rangeant Raziel dans son fourreau.

    Il s'approcha enfin de la mare d'eau croupie où siégeaient tout un tas de corps, une main sur le torse, à l'endroit de sa blessure. Akell se baissa et fouilla à travers les corps avant de trouver ce qu'il cherchait. C'était une bague, une alliance elfique qu'Akell retira et par la même occasion, emporta la main tranchée avec. Il regarda le membre pendouiller et constata que son ancien propriétaire avait dû faire un repas d'excellence vu la taille du doigt par rapport à la bague. Le guerrier ne prit pas de pincette et brisa l'annulaire afin de retirer la bague puis jeta le membre sur les autres corps avant de reprendre sa marche.

    L'objet de sa quête en main, il repartit vers le village d'où il venait... Il sentait que son retour allait être un poil anarchique... Les harpies mortes, l'illusion de la forêt magique avec... Il eut un sourire amusé en pensant à la réaction des habitants constatant vivre depuis toujours avec les moustiques.

    ©Bahakell

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  • Fin d’une ère, début d’un nouveau départ

     

    Le soleil infatigable de Sillage, toujours aussi haut dans le ciel, frappant le sable de toute sa puissance. Étendue désertique à des lieux à la ronde, faite de dunes de sable et de curieux mirages, seul le « Bateau-mouche » gît comme un cadavre en plein milieu de ce tableau vide. La coque défoncée, les mats brisés, plus jamais il ne pourra voler au-dessus du sable. De plus de son infirmité, son ego lui aussi souffre avec sa peinture s'écaillant et l'acier déformé à cause de la rude chaleur. Plus aucune trace d'habitation, seule une tente faite de vieux draps couvrent la mutilation béante du navire, à quelques mètres de là, trois croix mortuaires faites dans le bois du navire sont les seuls témoins des morts qui y reposent.

    Non loin, il « nage », son aileron dorsal bleu et argenté traversant le sable avec une vitesse phénoménale. Il tourne autour du navire échoué comme un requin, attendant avec impatience sa proie, il attend ce moment. Des créatures telles que lui, pas assez intelligente pour parler, mais à l'instinct de chasse aussi développé pouvait attendre des lunes, voir des mois, des années mêmes pour une seule proie, une proie leur tenant à coeur.

    La jeune femme, autrefois adolescente en quête de rêve de gloire, aujourd'hui femme perdue entre le chagrin et la colère, sortit de sous la tente. Elle avait bien changé, l'enfant qui affronta le Vélociraptor.

    De longs cheveux roux taillés au couteau dansaient au grès du vent. Sa peau, autrefois blanche était aujourd'hui marquée par le sable et le soleil d'une empreinte mate. Ses yeux pleins d'innocences, de fougue avaient laissé place à un regard savant, guerrier et réfléchi. Son corps qui était encore autrefois enfantin était devenu celui d'une femme désirable aux formes plus qu'épanouie, mais forte, les muscles visibles, mais tout en gardant sa féminité.

    Portant un casque fait dans le crâne d'un Vélociraptor, Fenryl ressemblait plus à une amazone du désert qu'à la chasseuse qu'elle était avant, un léger haut fait dans la même peau de l'animal cachant sa poitrine, laissant son ventre à l'air et un bas taillé dans un drap, lui faisant une mini-jupe avec quelques morceaux de peau du Vélociraptor protégeant les endroits plus intime. La seule chose qui restait d'elle autrefois était autre que sa vieille paire de bottes la protégeant de la morsure brûlante du sable.

    L'aileron s'arrêta brusquement et se tourna vers Fenryl, le soleil se reflétant sur les parties argentées du membre. La chasseuse s'avança légèrement vers un harpon planté dans le sable, qu'elle saisit et retira d'un geste sec. Elle le pointa vers la bête, serrant les dents... Cela faisait plusieurs jours que la créature était revenue la hanter, après avoir tué ses amis, elle voulait en finir avec elle, avec Fenryl.

    La peur au ventre, la jeune femme savait parfaitement ce que signifiait ce jour : l'un d'eux allait mourir sous le soleil de Sillage. Fenryl baissa son regard, le harpon toujours pointé en signe de défi et elle regarda les tombes de ses anciens compagnons... Si elle devait mourir, elle allait au moins faire en sorte d'être coriace et de ne pas lui donner la victoire aussi facilement.

    L'aileron frissonna et fonça vers Fenryl avec une vitesse hallucinante. Celle-ci releva les yeux et l'aperçu, certes un peu trop tard, mais au moins, elle put se jeter sur le côté au lieu de se faire dévorer toute crue.

    La bête jaillit du sable, un immense serpent, aux écailles argentées et bleutées, sa mâchoire osseuse recouverte de dents effilées, deux yeux jaunes en amandes remplis de haine pointés sur Fenryl.

    Ayant loupé sa cible, l'animal défonça le reste du navire en atterrissant, le brisant en deux comme une vulgaire planche de bois. Suivant son corps, la queue du vers vint fouetter Fenryl, qui cria de douleur et tomba à genoux au sol, du sang s'écoulant d'une entaille à l'épaule, son casque ayant reçu le plus gros des dommages aux vues de ses fêlures.

    Serrant les dents, elle se releva, tenant le harpon d'une main, l'autre son épaule, elle chercha son adversaire du regard, qui s'était de nouveau réfugié dans le sable. L'aileron refit surface, chargeant Fenryl à sa gauche, cette fois elle ne l'aperçu pas, mais entendit le craquement des croix de bois quand celle-ci volèrent dans les airs, broyaient par la puissance de l'animal.

    La chasseresse eu simplement le temps de cette jetée en arrière quand la bête refit surface, gueule grande ouverte. Il exposa son ventre d'une peau blanche, laiteuse, presque fragile, Fenryl n'hésita pas, saisit le harpon à deux mains et enfonça la lame dans le ventre de la créature. Un sang bleu en sortit et l'animal hurla de douleur avant de s'enfoncer de nouveau dans le sable, emportant Fenryl avec.

    Secouée, désorientée, la jeune femme s'enfonça dans les méandres du sable de Sillage. L'obscurité et le poids chauds du sable tout autour d'elle, sans air et simplement tiré par une créature faisant au moins six mètres de long. Le harpon se brisa et Fenryl s'arrêta brusquement d'être tirée, le sable s'écroulant sur elle. Elle cria, mais personne ne put entendre, que ce soit ici où à la surface, il n'y avait qu'elle et la bête.

    Tout redevint calme, à la surface, un simple souffle de vent leva un voile de sable... Puis brusquement la main de Fenryl jaillit du sable, comme un revenant sortant de sa tombe. Elle s'extirpa de son cercueil de sable, toussant et crachant, elle reprenait sa respiration, les yeux exorbités par la panique.

    Dans son esprit, des voix s'élevaient, celle de son père pour être plus exact, Joseph Basuph, qui lui avait déjà dit que ce métier n'était pas fait pour elle, les voix d'autres personnes qu'elle avait connues par le passé, la raillant ou s'inquiétant pour elle, finalement, elle aurait dû écouter, maintenant, elle allait crever !

    Quelque chose craqua et elle baissa son regard, sous son genou, un crâne humain la regardait d'un air implorant. Fenryl se demanda d'où il pouvait bien venir quand elle comprit qu'elle venait de sortir du sable justement là où elle avait enterré ses compagnons. Elle se releva en titubant, les yeux en larmes, elle avait causé trois morts par son inexpérience et sa lâcheté, ses anciens amis devaient sûrement se réjouir de sa mort futur, car c'était SA faute, SON désir de chasser le Kurug des sables, SON envie de devenir une grande chasseuse et SON rêve de gloire qui avait causé leurs morts.

    Elle n'avait même pas remarqué encore que maintenant, elle n'avait plus son casque, ni son haut, ses seins nus sous le regard du soleil. Enfin, c'était la dernière chose qui l'importait, elle allait mourir. Elle tomba à genoux et attendit que la bête revienne, elle ne pouvait rien faire contre une telle créature à main nue... elle ne pouvait même pas fuir...

    Un éclat brillant passa sous son regard et elle s'attendait à voir l'aileron, mais l'éclat revient et la força à baisser les yeux sur... une hache de guerre naine et un pistolet à poudre ! Les armes de Murdof, le nain grognon et alcoolique et de Jochoi, le mécano portant toujours ses lunettes sur le nez et rougissant quand il croisait le regard de Fenryl ! Ses amis ne l'avaient pas finalement abandonné !

    Le sable s'écroula sous ses genoux et elle comprit, roulant sur le côté, l'animal bondit dans les airs, présentant son ventre blanc sous le double canon du pistolet Geldonnien que Fenryl venait de récupérer. Elle appuya sur la gâchette et une des balles d'acier fila, se plantant dans le ventre de l'animal. La bête grogna et foudroya Fenryl, cela avait eu l'effet d'une piqûre de moustique ! Pourtant, la chasseuse sourit au vers géant, quand l'explosion de la balle lui arracha une partie de sa chair tout en le faisant hurlait de douleur.

    L'animal se jeta en avant, du sang bleu arrosant le sol et la chasseuse par la même occasion. La bête ouvrit sa mâchoire et chargea. Avec agilité, Fenryl se mit sur le côté et frappa de la hache dans l'os qui composait le visage du vers. La hache se bloqua et la bête emporta Fenryl avec, mais qui se refusa de lâcher cette fois. Plaquant ses pieds sur le corps de l'animal, elle força sur la hache, alors que le vent lui fouetter le visage. Elle pointa le pistolet vers l'oeil du Kurug, mais comme s'il avait prédit ce qu'elle allait faire, il changea brusquement de direction. Fenryl faillit lâcher, mais tint bon. Elle foudroya du regard la bête et hurla de rage, levant le pistolet bien en avant et tira.

    La balle perfora l'oeil avant d'exploser, lui arrachant le globe oculaire dans un geyser de chair et de sang. La créature hurlant à la mort, projeta Fenryl en avant qui se brûla la peau en glissant sur le sable. L'animal mordit à son tour le sol, sans pouvoir s'y infiltrer. Furieuse et prise par le sentiment de victoire, Fenryl saisit la hache et courut vers la bête du côté de son oeil aveugle, esquivant de peu une morsure pour monter sur le crâne du vers et commencé son terrifiant massacre.

    La lumière se refléta sur le tranchant de la hache et elle l'abattit sur l'os, avec force et hargne, Fenryl tailla jusqu'à ce que celui-ci saigne, la bête remuant pour dégager l'humaine, mais la rouquine resta ancrée et continua. Le Kurug gémit de douleur lorsque la lame toucha le cerveau, se convulsant par la même occasion. Fenryl n'arrêtait pas, peu à peu son corps mat se teinta de bleu pendant que des morceaux d'os et des grumeaux de cervelle venaient se rajouter à sa tenue.

    Un coup final et la bête hurla son dernier cri avant de cesser de bouger... C'était la fin.

    Fenryl tremblait et elle avait du mal à reprendre sa respiration, le corps ensanglanté, elle regardait la chose morte en dessous d'elle comme si c'était la première fois qu'elle la voyait. Puis tout explosa en elle, les larmes coulèrent et la colère se lâcha, elle leva la hache dans un cri et reprit sa boucherie sur le mort, plus rien n'existait pour elle à ce moment juste un éternel recommencement, comme si elle avait rêvé et qu'elle ne voulait que jamais il ne s'arrête... C'était le cas pourtant.

    Puis la hache quitta les mains de Fenryl, toute sa force avec. Soufflant, elle se laissa tomber sur le côté, les larmes aux yeux. Dans l'ombre de celui qu'elle avait tué, elle se recroquevilla sur elle-même, pour finir par s'endormir...

    Quelques heures plus tard, un morceau de tissu autour du corps venant de l'ancienne tente, la hache et le pistolet à la ceinture, Fenryl se préparait pour son long voyage de retour, quittant les débris du vaisseau. Elle jeta un dernier regard aux tombes, fraîche cette fois, de ses amis. Un dernier soupire pour sa vie passée et elle plongea son regard dans l'horizon. Aujourd'hui ce n'était plus la Fenryl fougueuse, toute pleine de jeunesse, mais une femme réfléchit, qui savait désormais ce que le mot « danger » et « précieux » voulait dire.

    Elle n'avait fait qu'un pas quand la forte odeur d'un cadavre brulant au soleil se fit brusquement sentir. Elle fit volte-face, mais ce fut trop tard. La bête dans un dernier soubresaut se projeta en avant et avala Fenryl, avant de glisser sur le sable, cette fois bel et bien mort.

    Le temps se stoppa, même le vent qui balayait parfois le paysage désert retenait son souffle. Une lame de cimeterre transperça la peau écailleuse, tranchant une fine ouverte pour que la chasseuse en sorte. Fenryl glissa au sol, le corps recouvert encore une fois de sang et de bile, elle marmonna des insultes envers le mort avant de jeter un regard à son cimeterre, qu'elle avait perdu voilà deux ans lors de la première attaque du Kurug, coincé entre deux dents. Celui-ci avait rouillé, mais il n'était pas perdu pour autant.

    La femme se releva, titubant un peu sur le coup, puis releva la tête vers l'horizon. Elle prit une grande respiration et s'avança en direction de l'est... On pu entendre un rire cristallin brisait le silence du désert, le vent lui-même l'emportant dans les airs.

    ©Bahakell


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  • La naissance d’une chasseuse<o:p></o:p>

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    Joseph Basuph arriva enfin en haut de la petite falaise, tout en dessous de lui s'étendait la vallée où d'habitude quelques troupeaux de moutons broutaient l'herbe tendre de la plaine...

    Aujourd'hui, il n'y avait que du vide, sauf concernant les quelques carcasses de mouton trônant aux centres de la plaine, sur lesquelles festoyaient les corbeaux, tache rouge sombre au milieu de vert clair.

    Joseph prit sa longue-vue et scruta la vallée à la recherche de la bête, depuis quelques jours, un Vélociraptor solitaire avait été vu dans la région, il était rare d'en voir un sans meute. L'animal n'avait pas approché les coins civilisés de la région jusqu'à l'heure et les membres dirigeants des villages avoisinants avaient décidés de le laisser tranquille, ils avaient cru, un instant, qu'une créature tel qu'un Vélociraptor solitaire ne tiendrait pas longtemps seul dans la région, qu'il tomberait sous les griffes d'un prédateur plus féroce et dangereux que lui. C'était vrai dans un sens, jusqu'à ce qu'un troupeau se fasse attaquer de pleins jours par l'animal et que celle-ci blesse le berger.

    À son retour au village, l'homme blessé n'avait pas cessé de crier au sujet de la bête, une créature faisant deux fois la taille d'un homme avec des crocs capables d'arracher des membres aussi simplement qu'on coupe du beurre. Sur le coup, Joseph avait compris... Soit, l'homme avait tellement eu peur qu'il donnait de l'ampleur à un simple Vélociraptor affamé, soit...

    Avant de partir, Joseph était rentré chez lui, dans sa petite ferme qu'il partageait lui et sa fille, constituée de trois simples pièces. Une salle commune, sa chambre et celle de son enfant, vu la qualité de vie de ces petits villages aux milieux de nulle part, trois-pièces étaient un luxe... Il entra dans sa chambre et s'avança vers un vieux coffre qui se tenait juste contre les pieds de son lit. Le chasseur sortit de ses poches de son pantalon une clef ouvragée et l'inséra dans la serrure du coffre, un simple mouvement du poignet, un déclic et le coffre s'ouvrit.

    À l'intérieur trônait l'armure du chasseur qui faisait sa renommée : des protèges bras en plaque de fer sur une fine cotte de mailles, un plastron en fer, une ceinture avec deux fins couteaux en cas de problèmes et des jambières de fer, tout comme ces protèges bras, sur une cotte de mailles évidemment, le tout s'appliquant sur une chemise et un pantalon de toile, encore protéger par une armure de cuir complète jusqu'au cou.

    Il s'équipa en une dizaine de minutes, le métal clinquant et s'entrechoquant. Une fois cela fait, il sortit de sa chambre et il allât enlever du mur une épée à deux mains de ses crochets de présentation. La dégainant doucement, il tâta le tranchant de la lame de maître. C'était une épée faite à la fois en métal et en os, une véritable petite merveille, crée par des forgerons connaissance les techniques de création d'armes et d'armures avec ce qu'offrait la nature. Un semblant de satisfaction aux lèvres, il la rangea et la passa dans son dos, il ne lui manquait plus qu'une chose à faire.

    Il retourna dans sa chambre, au fond de la pièce se tenait un rideau marron qu'il tira sur le côté. Derrière, un petit autel constitué d'un crâne d'aigle et de trois bougies blanches attendait les prières en silence. Sur le crâne, le signe religieux du dieu de la chasse, Nevrum, y était gravé. Joseph s'agenouilla et pria quelques minutes son Dieu.

    Il sentit une présence à ses côtés et il tourna doucement la tête vers la jeune rouquine d'une dizaine d'années, à genoux, les yeux fermés, en train de prier le même Dieu que lui. Elle s'était vêtue d'une armure de cuir, d'une qualité moyenne qu'elle avait achetée elle-même en économisant, cherchant désespérément à suivre les traces de son père.

    Trace que son père se refusait de la voir suivre. Joseph se leva et pris sa fille par les bras, la souleva et la déposa sur le lit.

    -Tu restes ici. Fit le chasseur, simplement, le ton un peu froid.

    L'enfant le regarda de ses yeux verts, de gros yeux incrédules, un regard voulant dire « ce n'est pas juste », un regard que détestait Joseph. Il la réprimanda d'un second regard sévère et elle baissa les yeux. Le père lui ébouriffa les cheveux et s'en alla, la dernière image de sa fille qu'il avait en tête était au pas de la porte, le regardant partir, des yeux toujours aussi tristes.

    Maintenant, il était là, descendant de la falaise pour voir de plus près les cadavres des moutons malchanceux. Les corbeaux croassèrent d'indignation et s'envolèrent contre leurs grès lorsque le colosse barbu arriva sur les lieux. Trois moutons gisaient dans l'herbe, la bête en avait dévoré un. Seuls les corbeaux avaient pu festoyer sur les autres aux vues des multiples traces sanglantes sur leur peau et à leurs yeux manquants.

    Le chasseur trouva étrange de voir que le Vélociraptor avait abattu trois moutons pour en dévorer seulement un... peut être qu'un événement imprévu l'avait fait fuir, un autre prédateur peut être... ou alors le plaisir sadique qu'avait ces animaux à tuer pour un rien.

    Quelque chose traversa entre deux roches à quelques pas de Joseph, celui-ci releva brusquement le regard des cadavres et dégaina sa lame, glissant dans son fourreau et formant une mélodie grinçante. L'ombre se faufila derrière lui en courant, Joseph fit volte-face et ne trouva que du vide, à part l'herbe dansant dans le vent soufflant sur la vallée.

    Pourtant, Joseph était sur...

    Sans crier gare, l'ombre traversa la plaine, prit son élan et sauta vers le chasseur, Joseph eu le temps de se tourner, de lâcher son arme et d'agripper le cou du prédateur pour le jeter plus loin en se servant de son élan.

    La bête roula sur le sol et se remit sur ses pattes sans attendre... Sa taille, la couleur de ses écailles, sa musculature et les diverses cicatrices... rien ne pouvait faire douter Joseph de la nature vicieuse de l'animal. Ce n'était pas un simple membre solitaire affamé, c'était un jeune chef de meute qui se cherchait une proie à sa taille, il avait simplement tendu un appât pour faire venir un chasseur, de quoi s'entraîner avant d'affronter un vieux chef de meute à qui il pourrait ravir la place où simplement conquérir une femelle, ces animaux avaient un certain sens de l'honneur, quoi qu'un peu sadique.

    La créature faisait environ deux mètres, sa peau écailleuse bleu sombre faisant ressortir ses yeux jaunes en amande, des griffes recroquevillées parsemaient les extrémités de ses pattes et une gueule recouverte de dents aussi coupantes que des lames de rasoir claquait d'impatience d'en finir.

    Joseph se jeta sur son arme au même moment que le Vélociraptor se jetait sur lui, il roula sous la bête qui le frôla de près. Le chasseur se releva et esquiva la gueule de l'animal qui faillit lui arracher le cou, il le força à reculer en envoyant la pointe de sa lame vers son torse, celui-ci sauta en arrière et poussa un cri de frustration. Et non, ça n'allait pas être aussi facile pour lui de se faire une nouvelle viande.

    Le Vélociraptor se mit à courir sur le côté, voulant prendre le chasseur à revers, mais Joseph sauta à son tour de côté et envoya le manche de son arme dans le visage de l'animal. Le Vélociraptor poussa un cri de douleur et alla rouler au sol, il se releva avec une blessure au-dessus de son oeil droit, du sang coulant sur sa peau écailleuse bleutée.

    La bête siffla de rage et chargea, Joseph attendit et quand il fut assez proche, il tenta de le transpercer avec sa lame, mais l'imposante créature sauta agilement au-dessus de lui, une de ses pattes vint frapper le chasseur au visage. Sous le choc, Joseph lâcha son épée et s'écrasa au sol, étourdi.

    Alors que son esprit revenait peu à peu, un poids terrible l'écrasa, l'empêchant de se lever. Joseph ouvrit les yeux et vit que le prédateur était sur lui, cachant la lumière du soleil. Il amena doucement sa gueule vers le visage de Joseph, son sang coulant de sa plaie tombant sur le visage du chasseur, l'odeur de putréfaction provenant de la gueule de l'animal souleva l'estomac du vieil homme. Le Vélociraptor siffla, leva sa gueule vers le ciel et poussa un cri de victoire avant de lancer sa gueule, grande ouverte.

    Joseph ferma les yeux, pensant au dernier moment qu'il avait passé avec sa fille, il regrettait de ne pas l'avoir pris dans ses bras, de lui dire qu'il l'aimait... depuis la mort de sa femme, Joseph ne pouvait plus voir sa fille, son visage lui rappelant sans cesse que s'était sa faute si April était morte, morte durant une chasse...

    La bête eu un cri de surprise mêlée à de la douleur, Joseph ouvrit les yeux quand il sentit quelque chose tomber à côté de lui, le prédateur regardait ailleurs et hurla de colère. Un nouveau projectile vint heurter son visage et la bête poussa un second cri. Une bille tomba sur le plastron de l'homme et il tourna la tête vers l'endroit d'où elle provenait.

    Sur une pierre, la petite rouquine, armée d'une fronde visait la bête et lui jeta un troisième projectile, cette fois, l'animal bloqua le projectile d'un geste vif de ses pattes. Il hurla de défi et oublia Joseph pour s'en prendre à la nouvelle proie. Le coeur paternel se souleva en même temps que sa poitrine, l'air revenant dans ses poumons, il poussa un juron, roula sur le côté, saisissant son épée.

    L'enfant tira une quatrième bille et vint frapper en plein dans l'oeil de l'animal, il couina de douleur et secoua la tête, du sang coulant de son oeil blessé et se mêlant à celui de son arcade, il siffla et reprit sa course. La rouquine hésita un instant, entre le désir de tirer de nouveau et de s'enfuir, une seconde de trop pour sa survie.

    Soudain, alors que le Vélociraptor allait se jeter sur elle, un couteau fila dans l'air et se planta dans le talon de l'animal, le coupant net, il s'écrasa violemment dans l'herbe, la fille en profita pour sauter du rocher, s'éloignant du prédateur par la même occasion.

    Le chasseur s'avança, un couteau de moins à sa ceinture et l'épée en main. Il empêcha d'un coup sec et fort que la bête ne se relève et cette fois pour de bon. Le jeune meneur de meute s'écroula en sifflant... Un dernier soubresaut et la créature écailleuse mourut. Joseph soupira et lâcha son épée, se tournant vers sa fille qui le regardait en souriant. Il lui adressa un regard sévère.

    -Fenryl, ne refais plus jamais ça, ne deviens pas comme ta mère.

    L'enfant renifla et leva ses yeux verts, les rivant sur ceux noisette de son père, son regard exprimant toute la colère qu'elle avait en elle depuis que sa mère était morte, son rêve de devenir comme elle et lui, s'étouffant sous ce que son père désirait pour elle, devenir une simple femme au foyer, avec un mari aimant et des enfants à s'occuper, sauf qu'elle, elle rêvait d'aventure.

    -Si je ne t'avais pas suivi, tu serais mort... Fenryl prit soudain plus de maturité aux yeux de Joseph. Il n'avait aucun argument pour contrer ses dires, si elle n'était pas intervenue, il serait mort effectivement.

    Joseph mit un genou à terre et tendit les bras vers sa fille qui s'élança dedans, il la serra bien fort et l'embrassa sur le front, la remerciant silencieusement.

    Ainsi commença l'histoire d'une des plus grandes chasseuses d'Héra...

    Fenryl Basuph...

    ©Bahakell


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  • Bienvenue dans la section nouvelle du site.

    Ici, pas de longue chronique, il s'agit de texte généralement cours (3 pages Word minimum). Les textes parlent à la fois de mes héros et de personnages totalement inconnus du monde d'Héra, mais ne contiennent rien de véritablement important... Ces textes peuvent donc être passés outre par rapport aux Chroniques.

    Sommaire

    Cycle Fenryl

    - La Naissance d'une chasseuse

    Au début, Fenryl avait un tout autre avenir tracé par son père... Mais il fallut un événement important lors d'une chasse de son père pour que l'enfant qu'elle était à cette époque de découvre le gout de la traque et du combat dans le règne animal.

    - Le requin des sables

    À l'âge de 16 ans, Fenryl rejoint sa première bande et découvre la véritable vie de chasseur. Bien qu'ils aient frôlés la mort plusieurs fois, ils continuent de poursuivre les monstres les plus gros et puissants d'Héra...

    - Fin d'une ére, début d'un nouveau départ

    Six mois après avoir vaincu le requin des sables, Fenryl et sa bande partent affronter le Kurug des sables. Tout ne se passera pas tel que prévu et deux ans plus tard, Fenryl se retrouve devant son destin.

    Cycle Akell

    - Désillusion

    Akell, le Diable Ecarlate... Un nom qui fait frémir le monde d'Héra et même les dieux. Doté d'un pouvoir terrifiant grâce à sa lame-esprit, Raziel, il est aussi capable de distinguer le vrai du faux avant de frapper.

    Cycle Snack

    - Reaction en chaine

    S'il existe bien une créature sur cette terre qui est aussi assoiffé d'or que de malchance, c'est bien Snack "trouve-tout", le Sloakins !


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