• Fenryl - Fin d'une ére, début d'un nouveau départ

    Fin d’une ère, début d’un nouveau départ

     

    Le soleil infatigable de Sillage, toujours aussi haut dans le ciel, frappant le sable de toute sa puissance. Étendue désertique à des lieux à la ronde, faite de dunes de sable et de curieux mirages, seul le « Bateau-mouche » gît comme un cadavre en plein milieu de ce tableau vide. La coque défoncée, les mats brisés, plus jamais il ne pourra voler au-dessus du sable. De plus de son infirmité, son ego lui aussi souffre avec sa peinture s'écaillant et l'acier déformé à cause de la rude chaleur. Plus aucune trace d'habitation, seule une tente faite de vieux draps couvrent la mutilation béante du navire, à quelques mètres de là, trois croix mortuaires faites dans le bois du navire sont les seuls témoins des morts qui y reposent.

    Non loin, il « nage », son aileron dorsal bleu et argenté traversant le sable avec une vitesse phénoménale. Il tourne autour du navire échoué comme un requin, attendant avec impatience sa proie, il attend ce moment. Des créatures telles que lui, pas assez intelligente pour parler, mais à l'instinct de chasse aussi développé pouvait attendre des lunes, voir des mois, des années mêmes pour une seule proie, une proie leur tenant à coeur.

    La jeune femme, autrefois adolescente en quête de rêve de gloire, aujourd'hui femme perdue entre le chagrin et la colère, sortit de sous la tente. Elle avait bien changé, l'enfant qui affronta le Vélociraptor.

    De longs cheveux roux taillés au couteau dansaient au grès du vent. Sa peau, autrefois blanche était aujourd'hui marquée par le sable et le soleil d'une empreinte mate. Ses yeux pleins d'innocences, de fougue avaient laissé place à un regard savant, guerrier et réfléchi. Son corps qui était encore autrefois enfantin était devenu celui d'une femme désirable aux formes plus qu'épanouie, mais forte, les muscles visibles, mais tout en gardant sa féminité.

    Portant un casque fait dans le crâne d'un Vélociraptor, Fenryl ressemblait plus à une amazone du désert qu'à la chasseuse qu'elle était avant, un léger haut fait dans la même peau de l'animal cachant sa poitrine, laissant son ventre à l'air et un bas taillé dans un drap, lui faisant une mini-jupe avec quelques morceaux de peau du Vélociraptor protégeant les endroits plus intime. La seule chose qui restait d'elle autrefois était autre que sa vieille paire de bottes la protégeant de la morsure brûlante du sable.

    L'aileron s'arrêta brusquement et se tourna vers Fenryl, le soleil se reflétant sur les parties argentées du membre. La chasseuse s'avança légèrement vers un harpon planté dans le sable, qu'elle saisit et retira d'un geste sec. Elle le pointa vers la bête, serrant les dents... Cela faisait plusieurs jours que la créature était revenue la hanter, après avoir tué ses amis, elle voulait en finir avec elle, avec Fenryl.

    La peur au ventre, la jeune femme savait parfaitement ce que signifiait ce jour : l'un d'eux allait mourir sous le soleil de Sillage. Fenryl baissa son regard, le harpon toujours pointé en signe de défi et elle regarda les tombes de ses anciens compagnons... Si elle devait mourir, elle allait au moins faire en sorte d'être coriace et de ne pas lui donner la victoire aussi facilement.

    L'aileron frissonna et fonça vers Fenryl avec une vitesse hallucinante. Celle-ci releva les yeux et l'aperçu, certes un peu trop tard, mais au moins, elle put se jeter sur le côté au lieu de se faire dévorer toute crue.

    La bête jaillit du sable, un immense serpent, aux écailles argentées et bleutées, sa mâchoire osseuse recouverte de dents effilées, deux yeux jaunes en amandes remplis de haine pointés sur Fenryl.

    Ayant loupé sa cible, l'animal défonça le reste du navire en atterrissant, le brisant en deux comme une vulgaire planche de bois. Suivant son corps, la queue du vers vint fouetter Fenryl, qui cria de douleur et tomba à genoux au sol, du sang s'écoulant d'une entaille à l'épaule, son casque ayant reçu le plus gros des dommages aux vues de ses fêlures.

    Serrant les dents, elle se releva, tenant le harpon d'une main, l'autre son épaule, elle chercha son adversaire du regard, qui s'était de nouveau réfugié dans le sable. L'aileron refit surface, chargeant Fenryl à sa gauche, cette fois elle ne l'aperçu pas, mais entendit le craquement des croix de bois quand celle-ci volèrent dans les airs, broyaient par la puissance de l'animal.

    La chasseresse eu simplement le temps de cette jetée en arrière quand la bête refit surface, gueule grande ouverte. Il exposa son ventre d'une peau blanche, laiteuse, presque fragile, Fenryl n'hésita pas, saisit le harpon à deux mains et enfonça la lame dans le ventre de la créature. Un sang bleu en sortit et l'animal hurla de douleur avant de s'enfoncer de nouveau dans le sable, emportant Fenryl avec.

    Secouée, désorientée, la jeune femme s'enfonça dans les méandres du sable de Sillage. L'obscurité et le poids chauds du sable tout autour d'elle, sans air et simplement tiré par une créature faisant au moins six mètres de long. Le harpon se brisa et Fenryl s'arrêta brusquement d'être tirée, le sable s'écroulant sur elle. Elle cria, mais personne ne put entendre, que ce soit ici où à la surface, il n'y avait qu'elle et la bête.

    Tout redevint calme, à la surface, un simple souffle de vent leva un voile de sable... Puis brusquement la main de Fenryl jaillit du sable, comme un revenant sortant de sa tombe. Elle s'extirpa de son cercueil de sable, toussant et crachant, elle reprenait sa respiration, les yeux exorbités par la panique.

    Dans son esprit, des voix s'élevaient, celle de son père pour être plus exact, Joseph Basuph, qui lui avait déjà dit que ce métier n'était pas fait pour elle, les voix d'autres personnes qu'elle avait connues par le passé, la raillant ou s'inquiétant pour elle, finalement, elle aurait dû écouter, maintenant, elle allait crever !

    Quelque chose craqua et elle baissa son regard, sous son genou, un crâne humain la regardait d'un air implorant. Fenryl se demanda d'où il pouvait bien venir quand elle comprit qu'elle venait de sortir du sable justement là où elle avait enterré ses compagnons. Elle se releva en titubant, les yeux en larmes, elle avait causé trois morts par son inexpérience et sa lâcheté, ses anciens amis devaient sûrement se réjouir de sa mort futur, car c'était SA faute, SON désir de chasser le Kurug des sables, SON envie de devenir une grande chasseuse et SON rêve de gloire qui avait causé leurs morts.

    Elle n'avait même pas remarqué encore que maintenant, elle n'avait plus son casque, ni son haut, ses seins nus sous le regard du soleil. Enfin, c'était la dernière chose qui l'importait, elle allait mourir. Elle tomba à genoux et attendit que la bête revienne, elle ne pouvait rien faire contre une telle créature à main nue... elle ne pouvait même pas fuir...

    Un éclat brillant passa sous son regard et elle s'attendait à voir l'aileron, mais l'éclat revient et la força à baisser les yeux sur... une hache de guerre naine et un pistolet à poudre ! Les armes de Murdof, le nain grognon et alcoolique et de Jochoi, le mécano portant toujours ses lunettes sur le nez et rougissant quand il croisait le regard de Fenryl ! Ses amis ne l'avaient pas finalement abandonné !

    Le sable s'écroula sous ses genoux et elle comprit, roulant sur le côté, l'animal bondit dans les airs, présentant son ventre blanc sous le double canon du pistolet Geldonnien que Fenryl venait de récupérer. Elle appuya sur la gâchette et une des balles d'acier fila, se plantant dans le ventre de l'animal. La bête grogna et foudroya Fenryl, cela avait eu l'effet d'une piqûre de moustique ! Pourtant, la chasseuse sourit au vers géant, quand l'explosion de la balle lui arracha une partie de sa chair tout en le faisant hurlait de douleur.

    L'animal se jeta en avant, du sang bleu arrosant le sol et la chasseuse par la même occasion. La bête ouvrit sa mâchoire et chargea. Avec agilité, Fenryl se mit sur le côté et frappa de la hache dans l'os qui composait le visage du vers. La hache se bloqua et la bête emporta Fenryl avec, mais qui se refusa de lâcher cette fois. Plaquant ses pieds sur le corps de l'animal, elle força sur la hache, alors que le vent lui fouetter le visage. Elle pointa le pistolet vers l'oeil du Kurug, mais comme s'il avait prédit ce qu'elle allait faire, il changea brusquement de direction. Fenryl faillit lâcher, mais tint bon. Elle foudroya du regard la bête et hurla de rage, levant le pistolet bien en avant et tira.

    La balle perfora l'oeil avant d'exploser, lui arrachant le globe oculaire dans un geyser de chair et de sang. La créature hurlant à la mort, projeta Fenryl en avant qui se brûla la peau en glissant sur le sable. L'animal mordit à son tour le sol, sans pouvoir s'y infiltrer. Furieuse et prise par le sentiment de victoire, Fenryl saisit la hache et courut vers la bête du côté de son oeil aveugle, esquivant de peu une morsure pour monter sur le crâne du vers et commencé son terrifiant massacre.

    La lumière se refléta sur le tranchant de la hache et elle l'abattit sur l'os, avec force et hargne, Fenryl tailla jusqu'à ce que celui-ci saigne, la bête remuant pour dégager l'humaine, mais la rouquine resta ancrée et continua. Le Kurug gémit de douleur lorsque la lame toucha le cerveau, se convulsant par la même occasion. Fenryl n'arrêtait pas, peu à peu son corps mat se teinta de bleu pendant que des morceaux d'os et des grumeaux de cervelle venaient se rajouter à sa tenue.

    Un coup final et la bête hurla son dernier cri avant de cesser de bouger... C'était la fin.

    Fenryl tremblait et elle avait du mal à reprendre sa respiration, le corps ensanglanté, elle regardait la chose morte en dessous d'elle comme si c'était la première fois qu'elle la voyait. Puis tout explosa en elle, les larmes coulèrent et la colère se lâcha, elle leva la hache dans un cri et reprit sa boucherie sur le mort, plus rien n'existait pour elle à ce moment juste un éternel recommencement, comme si elle avait rêvé et qu'elle ne voulait que jamais il ne s'arrête... C'était le cas pourtant.

    Puis la hache quitta les mains de Fenryl, toute sa force avec. Soufflant, elle se laissa tomber sur le côté, les larmes aux yeux. Dans l'ombre de celui qu'elle avait tué, elle se recroquevilla sur elle-même, pour finir par s'endormir...

    Quelques heures plus tard, un morceau de tissu autour du corps venant de l'ancienne tente, la hache et le pistolet à la ceinture, Fenryl se préparait pour son long voyage de retour, quittant les débris du vaisseau. Elle jeta un dernier regard aux tombes, fraîche cette fois, de ses amis. Un dernier soupire pour sa vie passée et elle plongea son regard dans l'horizon. Aujourd'hui ce n'était plus la Fenryl fougueuse, toute pleine de jeunesse, mais une femme réfléchit, qui savait désormais ce que le mot « danger » et « précieux » voulait dire.

    Elle n'avait fait qu'un pas quand la forte odeur d'un cadavre brulant au soleil se fit brusquement sentir. Elle fit volte-face, mais ce fut trop tard. La bête dans un dernier soubresaut se projeta en avant et avala Fenryl, avant de glisser sur le sable, cette fois bel et bien mort.

    Le temps se stoppa, même le vent qui balayait parfois le paysage désert retenait son souffle. Une lame de cimeterre transperça la peau écailleuse, tranchant une fine ouverte pour que la chasseuse en sorte. Fenryl glissa au sol, le corps recouvert encore une fois de sang et de bile, elle marmonna des insultes envers le mort avant de jeter un regard à son cimeterre, qu'elle avait perdu voilà deux ans lors de la première attaque du Kurug, coincé entre deux dents. Celui-ci avait rouillé, mais il n'était pas perdu pour autant.

    La femme se releva, titubant un peu sur le coup, puis releva la tête vers l'horizon. Elle prit une grande respiration et s'avança en direction de l'est... On pu entendre un rire cristallin brisait le silence du désert, le vent lui-même l'emportant dans les airs.

    ©Bahakell


  • Commentaires

    1
    No-Body
    Vendredi 26 Décembre 2008 à 18:30
    Je me rappel de se jour, dans le bus, ou tu ?is tr?pensif. Tu ?is en pleine p?ode de doute et c'?it une grande traverser du d?rt pour toi... Lorsque j'ai vue ton texte, j'ai pas pu m'emp?er de sourire. Le pire ! C'est que c'est le meilleur des trois sur Fenryl, bien que j'aimerais connaitre un peu plus le personnage.

    Ton fantasme de la rousse a grosse poitrine XD
    2
    Warange
    Jeudi 18 Novembre 2010 à 20:29
    D'accord avec mon prédécesseur de 2008, c'est la meilleur des 3 Fenryl, à quand la suite Baha? =)
    3
    Bahakell Profil de Bahakell
    Jeudi 18 Novembre 2010 à 21:16
    Un jour, peut-être... :p
    4
    Sa
    Jeudi 18 Novembre 2010 à 23:14
    Le meilleur des trois textes, ça me plaît bien ^^ Vivement la suite!
    5
    Bahakell Profil de Bahakell
    Vendredi 19 Novembre 2010 à 11:05
    Suite, suite, s'il y a :)
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