• Le cadeau de la Dryade

     

    Il était une fois...

    Un hiver très dur et froid, dont le souffle emportant la neige encore fraiche ne pouvait que vous glacer le sang. Les journées étaient courtes et les nuits bien plus longues. Ces dernières se montraient particulièrement cruelles, comme un monstre aux dents de glace qui vous empêchent de dormir tellement vous tremblotez de froid, dans votre petite couverture, enroulé en boule et en cherchant vainement la plus petite des étincelles de chaleur.

    Cependant, l'homme était intelligent et depuis qu'il savait faire du feu, il en faisait profité à la communauté pour que les hivers et les nuits soient moins rugueuses... Mais pour cela, il lui fallait du combustible et le meilleur qui soit n'est autre que le bois de nos forêts...

    Malheureusement pour lui, autant qu'il possède ses maisons de pierre que la forêt, elle, est la demeure de créature bien plus dangereuse et envoutante que lui. De nombreux hommes furent victimes de prédateurs tels que loup et ours, mais aussi de gobelin, Korrigan, loup-garou et aussi d'une créature sortant d'où droit des songes érotiques d'un Satyre... Les Dryades.

    Sur les hautes montagnes de la Muraille, frontière naturelle entre l'Altarie et le Zéhyr, vivait une famille de bucheron. La maison était particulièrement éloignée de la civilisation se situant plus bas dans les montagnes et chaque hiver, elle était coupée du reste du monde.

    Vivant ici, il y avait un père, bucheron né de bucheron et d'ancêtres bucheron. Il suivait les traces de ses ancêtres en coupant le bois de la forêt. Il y avait bien sûr la mère et leurs deux filles, de trois ans d'âge de différences.

    C'était donc un hiver particulièrement violent. La température était descendue très rapidement et la neige était elle aussi tombée plus vite que prévu, empêchant la famille de la montagne de préparer ses réserves pour une longue saison d'hiver.

    Le père avait réussi à faire quelques réserves de dernières minutes, mais bien vite, le bois alimentant la cheminée vient à manquer... En voyant la réserve se vidait à grands pas, il décida de partir couper quelques arbres, n'ayant pas peur de la morsure du froid et de la neige qui tombait dru à l'époque.

    Sa femme lui conseilla d'être prudent et de ne pas se laisser avoir par une créature de la forêt, il lui promit et il serait de retour lorsque le jour tomberait. Il partit donc, marchant dans la neige qui lui arrivait jusqu'aux genoux et descendant le long de la montagne pour arriver dans la première forêt venue.

    Il y entra et sans se posait la moindre question, s'attaqua au premier des arbres qu'il trouva. Il prit sa hache, son tranchant aussi effilé que celui d'une épée et la planta dans le tronc d'un geste sec. C'est alors qu'il y eut un cri de douleur, un cri inhumain, mais plein de sens. Les animaux de la forêt s'enfuir en entendant le rugissement de douleur et l'homme sursauta, lâchant sa hache, plantée dans l'arbre.

    Puis plus rien... Sur le coup, il pensa qu'il devait s'agir du cri d'un animal tel un ours où quelque chose de plus gros et dangereux. Il se dit qu'il valait mieux pour lui de faire son travail et vite.

    Alors qu'il retirait sa hache et s'apprêtait de nouveau à frapper, quelqu'un l'en arrêta. Ce fut un tel choc pour lui de voir ce qui lui était donné de voir qu'il se bloqua dans son geste.

    Devant lui se dressait une femme d'une immense beauté, complètement nue et qui ne semblait pas craindre le froid. Mais elle n'était pas humaine, car toute sa peau était d'un vert étrange, la texture même de sa peau était fait de ligne et parsemé d'écorce. Du lierre lui poussée autour du corps, lui enroulant ses formes dans un balai sensuel et hypnotisant. Ses yeux étaient de la couleur de la sève, comme translucide et ses cheveux châtains semblaient aussi fragiles que de la paille, parsemée de feuille verte où quelques insectes résistants aux froids se promenaient docilement. Cependant, la créature semblait mal en point, elle se tenait le côté droit du haut des hanches où coulait du sang... Non, de la sève.

    Elle foudroya l'humain du regard et s'avança dans la neige sans avoir peur et le défia du regard.

    -Toi, humain ! Que fais-tu ici ? Pourquoi t'attaques-tu à mon arbre ? Dit-elle rageusement d'une voix qui ne s'accordait pas avec sa beauté, une voix grinçante et inhumaine.

    Le bucheron ne sut que dire, il tenta de remettre de l'ordre dans son esprit, mais le corps de la créature et son approche dangereuse le rendait confus.

    Devant son trouble, l'être végétal tenta alors de lui expliquer sa faute.

    -Écoute-moi, humain ! Je suis une Dryade, une créature de la forêt, protectrice et gardienne de ses arbres. L'arbre sur lequel tu t'en prends est mien, je suis né ici et ma vie est liée à lui.

    L'homme comprit alors d'où venait le cri de douleur qu'il avait entendu et la blessure faite sur le corps nymphique de la créature de la forêt. Mais il avait beaucoup entendu sur les Dryades, des créatures en apparences sensuelles et désirables, mais qui sous la pression de la colère, se transformaient en véritables horreurs de bois qui n'hésitaient pas une seconde à vous dépecer vivant de leurs propres serres, laissant les insectes venir vous dévorer alors que vous êtes encore vivant.

    Il eut un mouvement de recul, mais la Dryade le suivi, elle reposa ses questions, de plus en plus mauvaises, puis le bucheron comprit qu'il devait réagir où mourir.

    Il abandonna l'idée de l'affronter, une telle créature si magnifique, la détruire aurait été une insulte envers Aphrodite en personne. Alors, il tenta se s'expliquer.

    -L'hiver est rude, Dryade. Ma famille à froid et nous manquons de bois. Je m'excuse de t'avoir blessé, mais je dois faire tomber un arbre pour que moi, ma femme et mes filles puissent survivre à cet hiver.

    La Dryade ne fut pas dupe, elle regarda l'humain de haut et poussa un grognement rauque qui n'avait rien de bon, puis elle se calma... D'apparence.

    -Tu ne feras tomber aucun arbre ici, car je protège cette forêt. L'hiver est dur aussi pour nous et je dois m'assurer que tous arriveront au temps de la fleuraison. Je devrais te tuer si tu oses encore une fois planter ta hache dans le creux de l'un d'eux.

    L'homme se sentit défaillir, il tomba à genoux et supplia la Dryade de le laissé faire, juste un, pour que toute sa famille passe l'hiver sans craindre que Mortannius ne vienne chercher leurs âmes dans leurs corps, froid et recouvert par le givre.

    La Dryade n'en démordra pas et le regarda perdre son honneur d'homme... Puis elle esquissa un sourire, lui demandant de se relever. Elle ouvrit la main sous ses yeux et lui dévoila trois petites graines.

    -Prend ceci et donne-les à ta femme et à t'es filles, qu'elles les prennent ce soir même et elles n'auront plus jamais froid. Mais toi... Toi, tu devras trouver un moyen d'affronter le froid, ça sera ta punition pour m'avoir blessé en plantant ta hache dans mon arbre.

    L'homme prie les graines et la remercia, la remercia et la remercia encore, puis sans demander son reste, il partit sans se retourner vers ce corps pour qui n'importe quel homme se damnerait pour l'avoir dans sa couche. Quant à la Dryade, son sourire n'avait fait que de s'agrandir.

    Quand le bucheron revint, il expliqua son étrange rencontre et le cadeau que lui avait fait la Dryade. Prise de panique, sa femme lui dit qu'il ne fallait pas faire confiance à ce genre de créature, qu'elles étaient mauvaises et qu'elles ne pensaient qu'à leurs propres bien, pas à ceux des humains. Mais l'homme continua d'accorder une confiance aveugle envers la Dryade et finit par faire entendre raison à sa femme. Il lui fit prendre la graine, à elle et à ses filles, puis la nuit passa tranquillement, doucement et dans une bonne ambiance.

    Le lendemain matin, lorsque le bucheron se réveilla, il se tourna dans son lit et prit sa compagne dans ses bras. C'est alors qu'il sentit un contact rugueux et qu'il entendit le bruit des feuilles. Il se leva et ne put retenir un cri d'horreur en voyant ce qui lui tenait compagnie dans son lit.

    C'était sa propre femme, mais tout son corps n'était plus que du bois, son visage était fixé dans une expression de calme et de plénitude que seul le sommeil peut vous faire prendre. Des branches avaient poussée un peu partout sur son corps et des feuilles en pendaient. Il appela sa femme, tenta de la réveiller, mais rien n'y fait, elle n'était plus que désormais qu'une sculpture de bois sans vie.

    Il pensa immédiatement à ses filles et courut vers leurs lits. Il tomba de désespoir en voyant sa propre chair et son sang, ses enfants transformés eux aussi en figure d'écorce sans vie, bloquée dans un sommeil éternel.

    L'hiver devint beaucoup plus dur suite à cela, la neige tomba si bien qu'elle empêcha le bucheron de sortir et de se venger du monstrueux tour que lui avait fait la Dryade et le temps passa, passa, passa...

    Lorsque le printemps arriva, ce ne fut qu'au milieu du Décan que la neige fondit et que les routes redevinrent accessibles. Une caravane marchande, habituée de la famille de la montagne s'en alla à leurs rencontres.

    Le marchand arriva enfin en haut du mont et retrouva son vieil ami bucheron, il se rendit compte de la disparition de la famille. Son ami lui annonça alors que sa femme et ses filles n'avaient pas survécu à l'hiver, le froid les ayant emportés...

    Il lui dit n'avoir besoin de rien et retourna dans sa maison sans un mot. Le marchand s'interrogea alors... Il se demanda comment la femme et les deux filles de cette famille avaient bien pu mourir de froid ?

    Surtout quant ont regard la réserve de bois, encore pleine à craquer...

    ©Bahakell


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    Sommaire

    Conte

    - Le Cadeau de la Dryade

    Ce conte est en réalité un conte Alyndrien Prohumain, mais qui fut exporté par les Séraphins dans leurs luttes contre les fées et les autres habitants de la forêt. Il raconte qu'il ne faut pas faire confiance aux créatures magiques.


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